Le yoga de la nutrition, c'est quoi ?
Dans son livre "La méthode yoga and peanut butter", Alexia Michel, professeure de yoga, propose un programme inédit en 10 étapes inspiré de sa méthode Yoga & Peanut Butter® pour se reconnecter à soi et à son corps. Ici, elle nous parle du yoga de la nutrition.
Le yoga de la nutrition fut inventé par Omraam Aïvanhov, philosophe, pédagogue et maître spirituel. Il s’agit de prendre conscience de notre/nos nourriture(s) et premièrement de celle qui est physique. L’un des buts est d’apprendre à manger avec « attention, maîtrise, volonté, intelligence, amour », comme l’explique le philosophe dans son livre Le Yoga de la nutrition 5. Celui-ci est également appelé hrani yoga et l’auteur le présente comme une façon beaucoup plus accessible d’atteindre l’équilibre que le zen, la méditation ou le yoga. Mais dans de nombreux cas, les repas sont un challenge au quotidien. L’idée de les transformer totalement ne s’est peut-être jamais présentée ! Le yoga de la nutrition donne les instructions pour cela. En premier lieu, il sera question d’essayer de se mettre dans un état émotionnel et mental neutre (voire positif) et conscient à l’arrivée du repas.
Trois techniques pour cela :
1. La première est d’avoir une pratique relaxante, de pleine conscience ou de respiration afin d’être pleinement présent dans le moment.
2. La deuxième est de débarrasser le repas et la nourriture de toute connotation négative et de nourrir un sentiment de gratitude et d’abondance.
3. La troisième est d’enlever toute identification personnelle négative. Par exemple : « Quelle grosse vache je fais en mangeant ces frites ! » ou « Je suis vraiment sans volonté, j’ai encore mangé un dessert. » Vous n’êtes pas votre rapport à la nourriture.
Ensuite et en pratique, voici ce que cela donne, de l’avant jusqu’à l’après-repas :
Avant le repas :
• Pratiquez votre posture de yoga favorite ou celle de l’enfant.
• Faites un exercice de respiration simple, de type cohérence cardiaque.
• Prenez un petit temps pour vous observer (émotions, paroles, comportement en général).
• Privilégiez une conversation ou un moment agréable.
• Assurez-vous que rien ne manque à table de façon à éviter les allers et retours avec la cuisine (si vous mangez chez vous).
En somme, désamorcez, contextualisez, revenez à vous. Lisez cette formule de Thich Nath Hanh : « Cette nourriture est un don de la Terre et du Ciel, ainsi que du travail de bien des êtres. Puissions-nous être dignes de la recevoir. Puisse-t-elle nous aider à vaincre les émotions perturbatrices, à commencer par l’avidité. Puisse-t-elle nous aider à progresser sur le chemin de la réalisation et à travailler au bien de tous les êtres. »
Pendant le repas :
• Observez les aliments : formes, couleurs, odeurs…
• Faites une pause avant la première bouchée.
• Prenez le temps en posant plusieurs fois vos couverts à côté de votre assiette.
• Tentez de rester en conscience de votre respiration, naturelle.
• Gardez toujours « un peu d’espace » (sans arriver à une totale satiété) afin de préserver la longévité d’une bonne santé digestive.
Après le repas, pratiquez une relaxation guidée, de préférence allongé ou, encore mieux, adossé à un mur pour éviter le reflux gastro-oesophagien.
Vous n’êtes pas obligé de mettre tout le procédé en place, parfaitement et tout de suite. Ceci dit, vous devez bien commencer et tenter d’évoluer vers le tout, avec bienveillance envers vous-même et récolter les fruits de la pleine conscience qu’apporte le yoga de la nutrition.
Quelques pensées d’Omraam Aïvanhov supplémentaires et complémentaires qu’il me semble bon de partager avec vous :
• « La nourriture se transforme en santé, force, amour et lumière. »
• « La nourriture, comme les mantras, comporte des vibrations les plus subtiles. »
• « Le régime carné est extrêmement pauvre en lumière, en énergie et transmet les substances de la réaction à la peur (de l’abattoir), toxiques, à l’être humain. »
• « Ce que nous mangeons est aussi important que la façon dont nous avons de le manger (digestion et assimilation en étant dépendantes). »
• « Notre régime alimentaire ne nous détermine pas (alors que l’on pense que le végétarisme rend non-violent, on apprend qu’Hitler était végétarien) même s’il peut activement participer à honorer des valeurs spirituelles élevées et est absolument impliqué dans notre santé. »
Plus généralement et concernant le régime alimentaire, les écrits s’accordent à aller vers une nourriture vivante, biologique, locale et de saison. Je ne m’attarderai pas sur l’aspect diététique, mais j’aimerais compléter l’aspect qui est davantage lié au yoga et toujours en lien avec l’alimentation, plus précisément l’hygiène alimentaire, en parlant de Sattvika Ahar.
Il s’agit ici de la nourriture privilégiée dans un mode de vie yogique. Ces recommandations sont issues des textes traditionnels de yoga mais aussi de l’ayurveda, parmi lesquels Gheranda Samhita et Hathapradipika.
Selon cette approche, notamment rapportée dans un essai du Scientific Research Department Kaivalyadhama appelé « Place of Nutrition in Yoga 6 » :
• Les besoins énergétiques d’un homme ne peuvent pas être considérés comme une quantité fixe de la manière suggérée dans les manuels de nutrition. Ils sont variables et s’autorégulent. Les besoins nutritionnels ne peuvent être représentés par un simple graphique, mais uniquement par un point entouré d’une région de tolérance.
• Les besoins de chaque personne varient en fonction de leurs composantes individuelles, de leurs personnalités et de la façon dont elles réagissent aux situations qui les entourent.
• La quantité de nourriture assimilée versus celle qui est absorbée dépend en grande partie du fonctionnement du système digestif. Cela varie également d’une personne à une autre, mais cela peut varier d’un jour à l’autre ou même d’une heure à l’autre, selon l’état émotionnel ou mental d’une même personne.
• Une bonne nutrition est définie comme un apport suffisant de nutriments pour atteindre le plein potentiel de croissance génétique de l’individu défini par diverses normes anthropométriques et nutritionnelles.
Vous avez vos besoins entre vos mains et cela constitue un pouvoir immense ! Celui d’être en connexion avec vous-même pour les reconnaître, d’être en mouvement pour les assouvir, d’être comblé par voie de conséquence.